« Conquered into liberty »
Pourquoi les Canadiens français ont refusé de se joindre à l'Amérique | Why French Canadians Refused to Join America
The English version of the article follows the French
« Conquered into liberty »: Pourquoi les Canadiens français ont refusé de se joindre à l'Amérique – et pourquoi cela est encore important aujourd'hui
La semaine dernière, la journaliste Madelaine Drohan a rédigé un article perspicace pour le Globe and Mail, dans lequel elle pose la question suivante : « Quelles leçons pouvons-nous tirer des précédentes tentatives d'invasion du Canada par les Américains ? »
« Cela fait 250 ans que les Canadiens ont rejeté la première invitation américaine à rejoindre leur union », écrit Mme Drohan. « Et il semble qu'aucune des deux parties n'ait tiré les bonnes leçons de cette débâcle. Donald Trump ayant déclaré que le Canada devrait être le 51e État, les décideurs politiques canadiens pourraient vouloir dépoussiérer leurs livres d'histoire et chercher des indices sur la manière dont ils pourraient parer à cette dernière menace ».
« Un récapitulatif peut s'avérer utile », poursuit-elle. « En octobre 1774, les délégués du premier congrès continental à Philadelphie ont décidé d'écrire une lettre ouverte aux Canadiens, les invitant à se joindre à leur union naissante et à combattre le gouvernement britannique. Les Américains n'ont pas encore déclaré leur indépendance, mais la révolution se prépare. La lettre aux ‘habitants de la province de Québec’ s'adresse aux quelque 65 000 à 100 000 Canadiens français catholiques de la colonie britannique ».
Dans cette lettre, les auteurs exhortent les Canadiens français à saisir la chance d'être « conquered into liberty »:
« Vous êtes un petit peuple, comparé à ceux qui, les bras ouverts, vous invitent à la fraternité », disait la lettre. « Un instant de réflexion devrait vous convaincre de ce qui sera le plus dans votre intérêt et votre bonheur : avoir tous les autres habitants de l'Amérique du Nord comme amis inaltérables ou comme ennemis invétérés ».
L'offre a été rejetée.
« Les trois peuples fondateurs du Canada – les Canadiens français, les Canadiens anglais et les Premières nations – ont délibérément choisi de ne pas se joindre à la révolution américaine », a écrit Mme Drohan dans un récent texte publié sur LinkedIn. « Les Canadiens français, qui formaient l'écrasante majorité en 1775-76, pensaient que leur culture et leur religion catholique seraient mieux protégées par les institutions britanniques ».
« Cette poignée d'Anglais préférait vivre dans une monarchie britannique plutôt que dans une république américaine », poursuit M. Drohan. « Ils ont été rejoints plus tard par des dizaines de milliers de personnes fuyant les États-Unis d'Amérique nouvellement créés. Les Premières nations sont restées avec leurs alliés britanniques et ont finalement rejoint la lutte contre les envahisseurs américains. Il y avait bien des dissidents dans chaque groupe, mais la majorité a choisi délibérément de ne pas se joindre aux Américains ».
En fin de compte, Mme Drohan exhorte les dirigeants canadiens à tirer les leçons des deux siècles et demi écoulés, mais en tant que lectrice canadienne-française et franco-ontarienne, je suis davantage inspirée, intriguée et redevable de la logique de nos dirigeants politiques de l'époque.
L'Amérique n'a jamais été bonne et juste avec les Canadiens français. Qu'il s'agisse des Acadiens, injuriés et mal accueillis après avoir été déportés de force dans les colonies par les Britanniques, ou de la manière dont les immigrants canadiens-français, cette « race étrangère distincte », ont été reçus en Nouvelle-Angleterre pendant la révolution industrielle, l'histoire n'offre guère de réconfort.
Si le passé est un prologue, toute invitation à « rejoindre » l'Amérique est moins un geste d'amitié qu'un rappel des anciennes hostilités. Les leçons de l'histoire ne s'adressent pas seulement aux décideurs politiques, elles s'adressent à nous tous qui portons le poids de notre mémoire collective.
“Conquered Into Liberty”: Why French Canadians Refused to Join America – And Why That Still Matters Today
Last week, journalist Madelaine Drohan penned an insightful piece for The Globe and Mail, asking “what might we learn from previous attempts by the Americans to invade Canada?”
“It’s been 250 years since Canadians rejected the first American invitation to join their union, writes Drohan. “And it seems like neither side has learned the right lessons from that debacle. With Donald Trump saying Canada should be the 51st state, Canadian policy makers might want to dust off their history books and look for clues as to how they might parry this latest threat.”
“A recap might be helpful,” she continues. “In October, 1774, delegates to the first continental congress in Philadelphia decided to write an open letter to Canadians, inviting them to join their emerging union and fight the British government. The Americans had yet to declare independence, but revolution was brewing. The letter, addressed to “the Inhabitants of the Province of Quebec,” was aimed at the estimated 65,000-100,000 Catholic French Canadians in the British colony.”
In the letter, authors “urged the French Canadians to seize the chance to be “conquered into liberty”:
“You are a small people, compared to those who with open arms invite you into a fellowship,” the letter said. “A moment’s reflection should convince you which will be most for your interest and happiness, to have all the rest of North America your inalterable friends, or your inveterate enemies.”
The offer was rejected.
“The three founding peoples of Canada — French Canadians, English Canadians, and the First Nations — made a deliberate choice not to join the American Revolution,” wrote Drohan in a recent LinkedIn post. “French Canadians, who formed the overwhelming majority in 1775-76, thought their culture and Catholic religion would be better protected by British institutions.”
“The handful of English preferred to live in a British monarchy rather than an American republic,” continued Drohan. “They were joined later by tens of thousands of fleeing the newly created United States of America. The First Nations stuck with their British allies and eventually joined the fight against the American invaders. There were plenty of dissenters each group, but the majority made a conscious choice not to join the Americans.”
Ultimately, Drohan urges Canadian leaders to learn the lessons of the last two and a half centuries, but as her French-Canadian and Franco-Ontarian reader, I am further inspired, intrigued and indebted by the logic of our then-political leaders.
America has never been kind to French Canadians. From Acadians who were reviled and unwelcome after being forcibly deported to the colonies by the British, to the manner in which French-Canadian immigrants, that “distinct alien race,” were received in New England during the Industrial Revolution, history offers little comfort.
If past is prologue, any invitation to “join” America is less a gesture of friendship than a reminder of old hostilities. The lessons of history are not just for policymakers – they are for all of us who carry the weight of our collective memory.
Bien sur, chere cousine!