The English text follows
Pour Papa
Le drapeau franco-ontarien
Un mémoire de famille
Ils sont nés entre le lys et le trille.
Francos. En Ontario. Courageux, culottés, et conscients des forces de l’histoire. Persuadés de notre destinée.
Levé pour la première fois à l’Université de Sudbury en 1975, le drapeau est un icône de l’Ontario français dont le mythe allait être cultivé par ce collectif de jeunes franco-ontariens. Ils étaient non seulement des jeunes audacieux, mais aussi de grands chums, des mononks dont je garde un souvenir doré d’affection.
Gaétan Gervais, le grand-prêtre, bénissant de vin le champ de patates chez mes parents à la Ferme OK. Les nombreux réveillons avec Michel et la famille Dupuis, ces cousins de la fesse gauche de mon côté maternel, en fête aux petites heures du matin. Les longues conversations au creux de la pandémie avec Donald Obonsawin, l’éclat du rire de mon père faisant écho à leur joie de se retrouver. Et cette quête de Normand Rainville, perdu de vue depuis des années.
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Ce drapeau a poussé des racines, doucement enfoncées dans le blanc des neiges de nos hivers et nos étés verdoyants, perçant la terre de ses petites pousses partout en Ontario. Évoqué par une jeunesse en fête à La nuit sur l’étang ou au Festival Franco-Ontarien, les épaules couvertes de gloire par ce trille-de-lisée. Lors des manifs de la Résistance en 2018, heureux et furieux de ces retrouvailles après le Jeudi Noir, les slogans historiques – Nous sommes! Nous serons! – au bout des lèvres. Et par ces tattoos sur nos bras, nos dos, nos cœurs.
Il évoque également le souvenir de mon père, un jeune homme qui venait de fêter ses vingt-cinq ans, pris en photo avec Michel par Gaétan lors du premier lever du drapeau à l’Université de Sudbury. De leur réunion au pied du mât de drapeau à l’U de S en 2015, confrontés aux caprices du temps.
Le selfie de ma sœur Émilie avec Donald – la première sœur Bourgeault-Tassé à rencontrer le « légendaire Donald Obonsawin » – lorsqu’elle était enceinte de son premier enfant en 2017, un petit bébé franco effronté qui irait manifester dans les bras de sa maman lors de la Résistance de 2018. Cette photo de moi sur ma tribune devant les bureaux du Premier ministre Doug Ford à Toronto, le drapeau colorant la foule de vert et de blanc pendant que je gueulais ma francophonie dans la Ville Reine.
Et cette photo de Papa, manifestant lors de la Résistance avec un des premiers drapeaux du mouvement de 1975 lors de la Résistance.
Mon père m’a appris que c’est aux Franco-Ontariennes et aux Franco-Ontariens de faire vivre le drapeau. De tirer notre courage et notre espoir de l’esprit de nos collectivités. De parler français, en chœur, par nos milles accents.
Le drapeau nous appartient à tous, à chacun d’entre nous. C’est la leçon la plus importante que mon père m’ait légué. Que nous devons puiser notre courage et notre espérance dans l’esprit de nos communautés. Parler français, en chœur, dans nos mille accents.
Cette diversité de voix, d’accents, de perspectives est ce que nous, les Franco-Ontariennes et les Franco-Ontariens, apportons à nos communautés ici en Ontario et au-delà.
The Franco-Ontarian Flag
A Family Memoir
Pour Papa
They were born between the fleur-de-lys and the trillium.
Francos. In Ontario. Courageous, culottés, and conscious of the forces of history. Convinced of our destiny.
First raised at the Université de Sudbury in 1975, the Franco-Ontarian flag is an icon of French Ontario, whose myth would be cultivated by this collective of franco-ontarian youth. They were not only audacious young men, but also great friends, mononks (pretend uncles) of whom the memory is golden and lovely.
Gaétan Gervais, the high priest, blessing my parents’ potato field with wine at OK Farm. The many réveillons with Michel and the famille Dupuis, those cousins of la fesse gauche (the left buttock cheek) on my maternal side, celebrating the holidays into the early morning hours. The long conversations in the darkest hours of the pandemic with Donald Obonsawin, my father’s laughter an echo of his joy at finding his old friend. And our quest for Normand Rainville, of whom we have lost sight over the years.
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This flag has grown roots, gently sunken into the white snow of our winters and our verdant summers, piercing the earth with its tender shoots across Ontario. It conjures the memory of a festive youth at La nuit sur l'étang or le Festival Franco-Ontarien, whose shoulders were covered with glory by this trillium. The protests of la Résistance in 2018, happy and angry to see each other after Jeudi noir, historical slogans – Nous sommes! Nous serons – on the tip of our tongues. The tattoos on our arms, our backs and our hearts.
The flag conjures the memory of my father, a young man who had just celebrated his twenty-fifth birthday, photographed with Michel by Gaétan during the first ever flag raising at the Université de Sudbury. Their reunion at the foot of the flagpole at U de S in 2015, facing the vagaries of time.
My sister Émilie’s selfie with Donald – the first Bourgeault-Tassé sister to meet the “legendary Donald Obonsawin” when she was pregnant with her first child in 2017, a sassy little franco bébé that would march in her mother’s arms during the 2018 Résistance. That photograph of me outside the offices of Premier Doug Ford, the flag coloring the crowd in green and white as I squawked from my soapbox in la Ville Reine.
And Papa protesting with one of the first flags of the movement of 1975 during la Résistance.
The flag belongs to us – to all of us. It is the single most important lesson my father has imparted on me. That we must draw our courage and hope from the spirit of our communities. To speak French, en choeur, in our thousand accents.
This diversity of voice, of accents, of outlook is what we – Franco-Ontariennes and Franco-Ontariens – bring to our communities here in Ontario, and beyond.
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