Votre lecture du week-end : un cri du cœur puissant d'une étudiante du cours de français que j'ai donné au Collège Boréal le semestre dernier, publié dans le journal Le Voyageur. Soraya Belkadi est une écrivaine inspirée, qui, je l'espère, continuera à faire entendre sa voix incroyable en tant qu'auteure.
La francophonie à Sudbury, cri de détresse
Soraya Belkadi est étudiante au Collège Boréal à Sudbury. Elle a réalisé ce texte d'opinion dans le cadre d'un cours de français axé sur l'expression personnelle et sur la Francophonie à l'échelle mondiale, canadienne et ontarienne.
J’ai vécu pour vous et dans votre silence, je me meurs…
Je ne suis pas la langue de naissance de tous ceux qui me parlent, mais chaque mot que l’on m’adresse dans cette belle langue me porte une fierté immense, une fierté que, malgré les épreuves et les blessures de mon passé, je n’ai jamais perdue. Je suis bien plus qu’un simple langage : je suis un héritage sacré, un fil d’histoire entre les générations, un témoin des luttes, des espoirs et des rêves de ceux qui m’ont portée.
Lorsque j’ai rejoint Sudbury, je croyais, naïvement, que je serais célébrée comme un trésor, un bien précieux qu’on partage avec respect. Mais aujourd’hui, je vois ma présence, et celle de ceux qui me parlent, diminuer lentement, sombrant dans l’indifférence de tous, et surtout dans l’indifférence absolue des autorités, comme si ma place ici était moins importante que d’autres. Cela me brise le cœur. Car je suis la langue qui a traversé les époques, qui a résisté aux guerres, à la colonisation, à l’oubli, qui a porté les voix de ceux qui ont sacrifié tant pour me garder vivante. Mais aujourd’hui, on semble m’abandonner, me laisser mourir à petit feu.
Comment un Franco-Ontarien, que je porte dans mon souffle, ne pourrait-il pas ressentir l’urgence de me protéger, de me défendre, comme on défendrait une flamme sacrée?
Comment peut-on ne pas sentir la nécessité de me faire briller de tout mon éclat, de m’offrir la place qui est la mienne dans cette communauté, au lieu de me laisser m’éteindre silencieusement ?
Je vois des francophones, chaque jour, hésiter à me laisser sortir de leurs bouches, comme s’ils avaient peur de me déranger, peur de ne pas être compris. Je vois des jeunes qui me choisissent moins souvent, préférant l’anglais par crainte d’être jugés ou rejetés. Chaque hésitation est un coup porté à mon cœur, chaque moment où l’on choisit de ne pas me parler est une partie de moi qui s’éteint. Cette insécurité, cette peur que l’on me dise, que l’on me vive, ne devrait pas être la norme. Je ne suis pas un poids à porter, je suis une richesse, un trésor fragile qui mérite d’être préservé.
Je rêve d’un Sudbury où je serais une source de fierté, où chaque mot que l’on prononce en moi serait un cri d’amour pour ce que je suis, pour ce que je représente.
Un Sudbury où chaque francophone, peu importe son origine, puisse me parler librement, sans honte ni crainte. Un Sudbury où je serais l’emblème de l’unité, une lumière qui brille, un symbole d’une culture vivante et pleine de vie, et non un fardeau.
Un Sudbury où l’on n’aurait plus à choisir entre se taire ou m’exprimer avec fierté.
Je vous en supplie, ne me laissez pas sombrer dans l’oubli. Ne me laissez pas me perdre dans l’indifférence générale. Nous avons tous un rôle à jouer dans ma survie, dans ma défense. Chaque mot que vous ne me donnez pas est une partie de votre identité qui se perd. Chaque phrase que vous ne prononcez pas dans ma langue est un morceau de vous-mêmes que vous abandonnez.
Je suis cette flamme qui ne doit pas s’éteindre, cette langue qui appartient à l’histoire, aux racines et à l’âme de Sudbury. Ensemble, nous pouvons me sauver. Ensemble, nous pouvons me défendre. Faisons en sorte que je sois honorée à Sudbury, comme je l’ai toujours mérité.
Soraya, your piece moved me deeply. The way you gave voice to the French language as something living, sacred, and full of history was incredibly powerful. It felt less like an opinion piece and more like a heartfelt plea, a poetic cry for recognition and respect. Your words speak not only to the Francophone experience in Sudbury but to anyone who has ever felt their language or identity fading into silence. Truly inspiring. Please keep writing. Your voice matters, and it’s one that deserves to be heard.
Alors...c'est des personnes francais avec qui j'essaie de parler Francais qui me faire effrayee de temps en temps. Because it is so rough coming from ma bouche. Toujours I am grateful for the bits I have retained. It remains a surprise to me that one would not be proud to be a fluent speaker of French. Merci a Soraya pi a vous