L’immortalité d’Hélène Gravel
Éducatrice et femme de théâtre, Hélène Gravel était, comme la décrivait autrefois sa grande complice Madeleine Azzola, «l’âme soeur» de générations de jeunes théâtreux franco-ontariens. Cette bête de scène, qui aurait eu 76 ans ce mois-ci, allait nous donner le courage de monter sur les planches, sous le feu des lumières, et de se dire – en français.
Hélène Gravel allait tirer une profonde inspiration de sa smoke. Fière, féroce, franco. Une furie. Et de sa voix grave, entre les puffs de sa cigarette, l'interrogatoire.
«Pourquoi y’a pas de français dans c’te show là?»
J’avais seize ans – c’était l’été 1995. Je travaillais une création collective avec Brigitte L., une jeune Franco-Ontarienne de Hanmer comme moi, et deux autres jeunes artistes, des unilingues-et-fiers-de-l’être qui venaient d’la gran’ ville de Sudbury.
Nous faisions de la scène dans les communautés les plus vulnérables du Grand Sudbury – en anglais seulement, contraintes à faire abstraction de notre langue, du désir de se dire comme jeunes femmes francos.
Oui, Hélène. Oui. Pourquoi y’a pas de français dans c’te show là? Cette question avait germé en moi. Parce qu’Hélène l’avait posée.
Je ne suis pas la seule à avoir été nourrie de sa profonde sagesse. Les artistes Robert Marinier et Yves Doyon, autrefois ses étudiants, m’ont récemment raconté Hélène Gravel. Ils m’ont parlé de son impact sur des générations de la jeunesse franco-ontarienne.