Une année en anglonormativité | A year in anglonormativity
The English Follows
À lire dans Le Voyageur | Read in The Toronto Star
Une année en anglonormativité
C’est une manchette qui a mis le feu aux poudres : « La pénurie de Tylenol chez les enfants au Canada empire — et les étiquettes bilingues font partie du problème. »
Une partie du problème. Nous, la francophonie canadienne.
Confrontés à la résistance et aux réfutations dans les médias francophones du Canada, les dirigeants du gouvernement de l’Ontario ont néanmoins repris ces manchettes quelques jours plus tard, ignorant commodément que les parents francophones ont également le droit de comprendre les exigences relatives à la posologie et à la sécurité pour protéger leurs enfants.
« Yes. Blame the French », a tweeté Philippe Orfali, ancien journaliste et influenceur franco-ontarien. “Bon 4e anniversaire du Jeudi noir, btw.”
Ce fut un témoignage du genre d’année qu’ont connu les francophones de l’Ontario et du Canada.
Qui s’est poursuivi avec la nomination de la juge franco-ontarienne et abénaquise Michelle O’Bonsawin à la Cour suprême du Canada, un triomphes accompagné par des attaques contre le bilinguisme comme « énorme obstacle institutionnel » pour les « minorités », ignorant que la francophonie canadienne est elle-même multiraciale, multiculturel et multiconfessionnel et lié aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis.
Où nous avons été témoins d’un épanouissement de la francophobie lors de Commission sur l'état d'urgence. Et le français marginal qui a été parlé à la commission a été accueilli avec indignation et considéré comme un autre mépris et une moquerie flagrante pour les Canadiens non-francophones.
L’année s’est terminée en sachant que nous ne pouvions même pas mourir paisiblement en français, et on nous a demandé de “please speak English” dans nos derniers jours.
Parallèlement, l’année a marqué l’adoption du projet de loi 96 du Québec, une loi controversée et digne d’indignation qui limite l’usage de l’anglais dans les tribunaux, les soins de santé et les autres services publics. La loi, qui bafoue la Charte canadienne des droits et libertés, a été accueillie avec une immense colère de la part du Canada anglais. À juste titre. La loi fait reculer les réfugiés et les demandeurs d’asile et annule la réconciliation avec les communautés autochtones,
Pourtant, les cruelles réalités auxquelles fait face la francophonie canadienne ont été accueillies par le silence.
En Alberta et en Ontario, par exemple, la question de l’enseignement universitaire en français demeure sans réponse. Voir aussi l’avenir d’une Loi sur les langues officielles languissante.
Au Nouveau-Brunswick, la seule province bilingue du Canada, le premier ministre Blaine Higgs a « brûlé des ponts » avec les Acadiens, nommant un francophobe notoire à un comité chargé d’examiner la Loi sur les langues officielles de la province et immolant l’enseignement en immersion française.
Et partout au Canada, le déclin de la langue française a été précipité par une politique et une pratique d’immigration racistes et francophobes pour lesquelles nos institutions culturelles ont exigé des cibles de réparation et la résolution de la question des visas d’étudiants africains.
Mais yes, blâmons les Francos. Parce que c’est nous le problème.
À la veille d’une nouvelle année, le Canada anglais doit affronter les héritages coloniaux et impériaux qui ont enraciné l’anglonormativité dans la conscience nationale et de prendre la protection du français en milieu minoritaire avec un grand sérieux.
Nous sommes toujours là. Toujours un problème.
Toujours aussi féroces, fiers et francos.
A year in Canadian anglonormativity
It was a headline that lit the fuse: “Canada’s children’s Tylenol shortage is getting worse — and bilingual labels are part of the problem.”
A part of the problem. Us, Canada’s francophonie.
Met with resistance and rebuttals in Francophone media, Ontario’s government leaders nevertheless parroted this headline a few days later, ignoring that francophone parents also have a right to understand the dosage and safety requirements to protect their children.
“Yes. Blame the French,” tweeted former Franco-Ontarian journalist Philippe Orfali. “Bon 4e anniversaire du Jeudi noir, btw.”
Happy fourth anniversary of Black Thursday, indeed.
It was a fitting testimonial to the kind of year it has been for Francophones in Ontario and beyond. A year in which the universities question remained unanswered from Alberta to Ontario, when the Official Languages Act languished, and when we were asked to “please speak in English” at the hour of our death.
However, it was not the protection of French that generated the most ink in 2022. Earlier this year, Quebec passed its contentious Bill 96, which limits the use of English in the courts, health care and other public services. The discriminatory law, which flouts the Canadian Charter of Rights and Freedoms, ignited the ire of many. Rightfully so.
Yet the cruel realities facing Canada’s francophonie were met with roaring silence.
For Franco-Canadians, this was the year when new census data revealed the painful folklorisation of our tongue, a colonial legacy precipitated by racist immigration policy and practice by Canadian government.
Earlier in the year, the appointment of celebrated Franco-Ontarian and Abenaki justice Michelle O’Bonsawin to the Supreme Court of Canada was met with the misleading critique that bilingualism is a “huge institutional barrier” for “minorities,” ignoring that Canada’s francophonie is itself multiracial, multicultural and multifaith with kin among First Nations, Inuit and Métis communities.
In the fall, we were confronted with the marginal use of French at the federal government’s inquiry into the use of the Emergencies Act, our tongue referred to as “secondary” and “another blatant disregard and mockery” for non French-speaking Canadians.
The year closed with Premier Blaine Higgs of New Brunswick, Canada’s only bilingual province, “burning bridges” with Acadians and other francophones, appointing a noted francophobe to a committee examining the province’s official languages act, and immolating French-immersion education, all whilst lamenting his persecution as a unilingual anglophone.
But oui, blame Canada’s francophonie. We are the problem.
“Language rights are human rights,” recently tweeted French Creole American Scott Tilton. “Deconstructing narratives that language loss is « natural » or « normal » is important to understanding how laws and prejudices deliberately strip away rights.”
On the eve of a new year, Canada must seek to understand how its own laws and prejudices have entrenched anglonormativity in its national conscience, challenging assumptions that the decline of the French tongue is inevitable or that French is unworthy of protection.
Because we are still here. Still a problem. Still fierce, fiers, and franco.